Cette charte résume notre façon d’aborder la question de l’art aujourd’hui. Elle n’est pas figée, mais résulte de plusieurs années d’études, de lectures et de réflexions approfondies sur les questions de l’art en France et dans le Monde.

Article 1 : sur l’art en général

1. La définition de l’art ne se décrète pas. Elle se constate par l’observation de son histoire et de sa diversité.

2. On appelle « arts » l’ensemble des procédés et des techniques qui permettent au créateur d’une œuvre, appelé « artiste », de produire une œuvre conforme à sa finalité.

3. On appelle « beaux-arts » tous les arts dont les œuvres ont pour finalité première d’exprimer le beau.

4. L’art n’est donc pas par essence subversif ou révolutionnaire. Certaines œuvres peuvent l’être.

5. La première finalité de l’art n’est pas l’argent. Certains artistes peuvent être d’excellents hommes d’affaires.

6. L’art doit être appréhendé sous le triple rapport équilibré de l’artiste, de l’œuvre et du spectateur. Toute approche de l’art l’amputant de l’une de ces trois composantes est donc incomplète.

7. Toute œuvre d’art humaine est le produit d’une part d’un homme pris en tant qu’artiste, en considération de son génie créateur, et d’autre part d’un artiste pris en tant qu’homme, en considération de l’usage qu’il fait dans sa création de son intelligence et de sa volonté.

8. Toute création d’œuvre d’art, considérée sous le rapport de l’homme pris en tant qu’artiste, échappe intégralement à la morale.

9. Toute création d’œuvre d’art, considérée sous le rapport de l’artiste pris en tant qu’homme est soumise de plein droit à la morale.

Article 2 : sur l’économie de l’art

1. Toute œuvre d’art a une valeur intrinsèque et une valeur extrinsèque.

2. La valeur intrinsèque d’une œuvre se fonde sur les qualités internes de l’œuvre. Les qualités internes de l’œuvre sont notamment : le matériau utilisé, le savoir-faire, le talent ou même le génie qu’on y retrouve…

3. La valeur extrinsèque d’une œuvre se fonde sur les circonstances extérieures à l’œuvre. Ces circonstances sont notamment : l’exclusivité de l’œuvre, la dignité de l’artiste, la valeur historique, le regard de la personne qui la désire ou l’achète…

4. L’histoire de l’art montre que la subvention publique de l’art n’est pas un mal en soi.

Article 3 : sur l’anart

1. L’art dit « contemporain » devrait regrouper tous les arts qui sont pratiqués aujourd’hui, mais il ne désigne en fait qu’une seule sorte d’art : l’anart.

2. Initié par Marcel Duchamp et adapté par ses successeurs, l’anart n’est pas un simple courant artistique mais une redéfinition idéologique de l’art : n’importe quel objet peut être élevé à la dignité d’œuvre d’art par la seule volonté de l’artiste.

3. En évoluant, l’anart a donné la primauté à des caractères secondaires dans l’art classique :

(a) Finalité philosophique : la subversion ou le scandale ;

(b) Finalité financière : capacité de l’œuvre à faire l’objet de spéculations financières ;

(c) Primat du faire-savoir (pilier de la spéculation) sur le savoir-faire ;

(d) Opposition artificielle entre liberté artistique et exigence technique.

Article 4 : sur les mesures d’urgence à prendre

1. Instaurer une transparence dans le marché de l’art :

(a) en levant le secret commercial sur l’achat d’œuvres d’art effectué avec l’argent du contribuable ;

(b) en injectant de la diversité dans le corps des inspecteurs de la création artistique ;

(c) en mettant les achats d’œuvres d’art réalisés avec des fonds public sous le contrôle de la Cour des comptes ;

(d) en interdisant la subvention publique d’œuvres de nature à troubler l’ordre public, à porter atteinte à la dignité humaine ou aux convictions religieuses ;

(e) en rendant obligatoire dans les marchés publics une motivation écrite et publique de chaque refus effectué par les commissions d’achat.

2. Réhabiliter l’histoire de l’art dans l’enseignement :

(a) en créant une chaire d’histoire de l’art ;

(b) en remettant les cours d’histoire de l’art des établissements scolaires entre les mains des historiens d’art.

3. Recréer une dynamique de l’art esthétique en France :

(a) en créant une véritable école des « beaux-arts » ;

(b) en démocratisant l’accès à l’art par la défiscalisation d’achat d’œuvres d’art pour les particuliers.