Propos de Marianne Rillon recueillis pour sauvons l’art lors de l’entretien du 25 février 2015 à la galerie Art Aujourd’hui, 8 rue Alfred Stevens, paris 9ème sur l’exposition « la part de l’ombre » visible jusqu’au 28 mars.
Le but de la galerie est de prendre des artistes qui, par leurs œuvres, transmettent un message
A propos de la Galerie ART AUJOURD’HUI
Le but de la galerie est de prendre des artistes qui, par leurs œuvres, transmettent un message. Il arrive que certains artistes puissent avoir une très bonne technique mais si leurs œuvres ne portent pas de messages ; ils ne seront pas retenus. La galerie recherche, également, des artistes qui ont un style propre tout en étant capable de s’en détacher. Un artiste qui se restreint à un style, comme Buffet est un artiste qui se tue, il devient une caricature de lui-même. Un contre exemple de Buffet est Picasso qui n’avait pas peur de changer de style, alors même que ses œuvres cubistes se vendaient bien. Si les artistes doivent retenir quelque chose pour être pris dans cette galerie est que « Le message doit transparaitre dans l’œuvre : on ne peint pas avec un concept ».
Des évènements poétiques sont aussi organisés en plus des expositions de la galerie.
Plus d’information sur leur site internet : »http://galerie-art-aujourdhui.com ».
A propos de l’exposition actuelle
L’exposition est issue de la volonté des galeristes, bien que le thème de l’« obscur » ne soit pas une constante, contrairement à d’autres galeries. Le but est de rassembler plusieurs artistes traitant du thème de « l’ombre ».
Sur le pourquoi de ce thème, l’idée qui peut transparaitre à travers cette exposition est : « si nous étions tout le temps dans une lumière immense, nous serions bêtement heureux. C’est en cheminent dans l’ombre, dans notre propre part d’ombre, que nous devenons intelligemment heureux. »
A propos des œuvres et artistes exposés
Dans cette exposition quatre artistes s’expriment sur la nuit, la mort, les cauchemars, et la part d’ombre de l’être humain.
Isabelle Vialle vit actuellement en Grèce, et les oliviers centenaires difformes qui constituent le paysage grec peuvent avoir eu une influence sur sa peinture. Ces œuvres sont comme un écho au poème « Douve » d’Yves Bonnefoy évoquant une femme aimée et disparue.
Jean-Marie Cartereau, illustrateur et dessinateur, joue sur l’« inquiétante étrangeté » chère à Freud et aux surréalistes avec une extrême précision dans ses dessins.
Hans Jorgensen, sculpteur sur bois, fait résonner cette phrase dite par lui-même dans toutes ses œuvres « l’être humain a aussi quelque chose d’effrayant ». Dans toutes les cultures, la vision de l’horreur existe et l’artiste en joue.
Contrairement aux trois autres la part d’ombre dégagée des œuvres de Christophe Bishup ne vient pas de l’imaginaire des humains mais des paysages plongés dans l’obscurité, travaillés au fusain.
Dans le texte de présentation vous parlez de catharsis, « Ces montres (en référence à ceux peints par Goya) exorcisent nos angoisses et cette catharsis, paradoxalement, nous rassure et nous comble » La catharsis qu’exercent ces œuvres est pour qui ? Pour celui qui crée ou celui qui voit ?
La catharsis peut être comprise par ceux qui créaient, car les artistes redonnent tout ce qu’ils ont vu, écouté, ou accumulé au niveau des sentiments. Mais elle peut également être comprise par ceux qui regardent les œuvres. Cette notion est active chez des spectateurs qui vivent l’œuvre, qui sont touchés par elles. L’œuvre doit les interpeller pour qu’elle opère sa catharsis. C’est le spectateur qui chemine dans l’œuvre, si celle-ci a réussit à le toucher. Il peut pourtant rester indifférent et rien ne s’opère.
A propos de la place de l’artiste et de l’art dans la société actuelle ?
Rare sont ceux qui peuvent vivre de leur art, surtout s’ils ne se plient à cet art industriel à la Jeff Koons. Il faut aussi dire que la peinture, et la sculpture, sont considérées comme ringardes, tout le monde s’en moque mais certains artistes continuent, et ça c’est beau. Par ce rôle de reflet, sans les artistes, la civilisation serait en réelle déchéance. En effet l’art n’est pas la vie réelle, mais la représentation que l’on a d’elle. L’œuvre peut être également perçue comme une représentation de ce qui est à l’intérieur de nous et qui est partagé avec les autres.
Nous pouvons ajouter que les artistes peuvent être perçus comme des alerteurs, des montreurs d’âmes totalement subjectifs. L’exposition vous montrera jusqu’au 28 mars ce côté obscure de l’âme humaine.
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