EXCLUSIF : Le FRAC de Metz condamné pour atteinte à la dignité humaine

Le 26 novembre 2013, alors qu’en France il semblait acquis que les artistes étaient, dans l’exercice de leur art, définitivement au-dessus de toutes les lois (cf. L’art contemporain face à la loi), s’est produit l’impensable : un FRAC, qui n’a pas fait pire que les autres, est subitement condamné à la demande d’une conseillère régionale et de l’AGRIF, une association anti-raciste.

Que s’est-il passé ? Cette affaire fera-t-elle jurisprudence ? Raphaël Jodeau, criminologue et coordonnateur de Sauvons l’art ! a eu accès aux pièces du procès et décrypte le dossier pour vous.

Tout avait pourtant bien commencé dans la paisible campagne lorraine de notre royaume de France. Ronronnant, le FRAC de Metz (Fonds régionaux d’art contemporain) cherchait un moyen de porter l’art contemporain aux oreilles de son brave public. Ainsi que le leur interdit leur religion, il n’était pas question d’émerveiller les gens devant les prouesses d’une technique forgée par les âges, ou de baigner leur visage et leur cœur dans une harmonie bienveillante. Une telle disposition d’esprit aurait été passéiste, conservatrice, réactionnaire, fasciste et nazie (la liste n’étant pas exhaustive).

Non. Dans les laboratoires de l’anart quelques apôtres fébriles cherchaient plutôt à interpeller, à questionner le monde, à déconstruire l’homme dans une relation d’altérité avec son propre soi en vue de renverser les archétypes bourgeois aliénant la conscience populaire et l’asservissant aux stéréotypes et aux préjugés de la barbarie civilisationnelle.

Bref, nom d’un art contemporain, il fallait frapper fort et bien et faire chanceler la bien-pensance.

À force de réfléchir et grâce à nos impôts, on finit toujours par trouver. Quelques génies dûment rémunérés eurent alors une idée géniale : créer une exposition déconstruisant patati et patata […] sur la famille, qu’on appellerait l’ « infamille » (jeu de mots ultra-génial combinant « famille » et « infamie »). Dans cette exposition ouverte au plus large public possible, un sage parmi les sages décida d’exposer les œuvres d’Éric Pougeau.

Éric Pougeau est un charmant garçon parfaitement dans la ligne éditoriale de l’exposition. Ancien guitariste du groupe punk les Flaming Demonics, il quitte l’école en 5ème (mais savait déjà écrire, comme vous le verrez par la suite), et considère que lui, « il combat l’enfermement, et le premier territoire de l’enfermement c’est la cellule familiale. » (Source : artistikrezo.com). Il faut reconnaître que cette prise de position radicale lui vaut de sortir pas mal du simple « questionnement du monde, » mais pour le FRAC ce n’est pas très grave puisque d’une part même le pire crétin sait très bien que ce « questionnement » n’est qu’un mot tout bidon pour dire « destruction, » et d’autre part Riri est un parfait artiste contemporain : il produit du choquant tout en jurant la main sur le cœur qu’il n’est pas un provocateur. Décidément, ce type est parfait.

Afin de bien désaliéner comme il faut, il a donc été décidé de publier les phrases de ce jeune homme au rez-de-chaussée de l’exposition, dont voici un petit florilège :

«  Les enfants, nous allons vous enfermer. Vous êtes notre chair et notre sang. A plus tard Papa et Maman. »

« Les enfants, nous allons faire de vous nos esclaves. Vous êtes notre chair et notre sang. A plus tard Papa et Maman. » 

« Les enfants, nous allons vous faire bouffer votre merde. Vous êtes notre chair et notre sang. A plus tard Papa et Maman. »

« Les enfants, nous allons vous sodomiser et vous crucifier. Vous êtes notre chair et notre sang. A plus tard Papa et Maman. »

« Les enfants, nous allons vous arracher les yeux. Vous êtes notre chair et notre sang. A plus tard Papa et Maman. »

« Les enfants, nous allons vous couper la tête. Vous êtes notre chair et notre sang. A plus tard Papa et Maman. »

« Les enfants, nous vous observons. Vous êtes notre chair et notre sang. A plus tard Papa et Maman. »

« Les enfants, nous allons vous tuer par surprise. Vous êtes notre chair et notre sang. A plus tard Papa et Maman. »

« Les enfants, nous allons vous empoisonner. Vous êtes notre chair et notre sang. A plus tard Papa et Maman. »

« Les enfants, vous crèverez d’étouffement. Vous êtes notre chair et notre sang. A plus tard Papa et Maman. »

« Les enfants, nous allons égorger vos chiens. Vous êtes notre chair et notre sang. A plus tard Papa et Maman. »

« Les enfants, nous allons vous découper et vous bouffer. Vous êtes notre chair et notre sang. A plus tard Papa et Maman. »

« Les enfants, nous allons faire de vous nos putes. Vous êtes notre chair et notre sang. A plus tard Papa et Maman. »

« Les enfants, nous allons vous violer. Vous êtes notre chair et notre sang. A plus tard Papa et Maman. »

« Les enfants, nous allons vous arracher les dents. Vous êtes notre chair et notre sang. A plus tard Papa et Maman. »

« Les enfants, nous allons vous défoncer le crâne à coups de marteau. Vous êtes notre chair et notre sang. A plus tard Papa et Maman. »

« Les enfants, nous allons vous coudre le sexe. Vous êtes notre chair et notre sang. A plus tard Papa et Maman. »

« Les enfants, nous allons vous pisser sur la gueule. Vous êtes notre chair et notre sang. A plus tard Papa et Maman. »

« Les enfants, nous allons vous enterrer vivants. Vous êtes notre chair et notre sang. A plus tard Papa et Maman. »

« Nous allons baiser vos enfants et les exterminer, nous introduire chez vous, vous séquestrer, vous arracher la langue, vous chier dans la bouche, vous dépouiller, vous brûler vos maisons, tuer toute votre famille, vous égorger, filmer notre mort. »

N’ayons pas peur des mots : ces phrases sont si édifiantes, si géniales, si recherchées, que nous ne pouvons qu’espérer qu’Éric Pougeau aura été très fortement rémunéré ! Enfin nos impôts servent à quelque chose !

À ceux qui seraient choqués par les propos, ou qui oseraient affirmer que ce n’est pas de l’art (!!!), je tiens à les rassurer tout de suite : si ces phrases n’étaient pas brillantes, croyez-vous qu’elles auraient été soutenues par notre chère classe politique, ces bons élus du peuple qui n’ont à cœur que notre bonheur et notre épanouissement ? Allons, vous voyez bien ! Car sachez que de grands personnages ont défendu le projet : Bernard Niquet, aujourd’hui décédé et à l’époque préfet de la Région Lorraine, chiraquien qui s’était illustré dans un épique combat contre l’association des paralysés de France l’accusant d’avoir fait molester un polyhandicapé kosovar (les gens s’énervent pour si peu !), et le très socialiste Jean-Pierre Masseret, Président du Conseil général de Lorraine réélu depuis grâce aux grands services qu’il rendit à la France et dont l’exposition fait certainement partie.

Preuve que la République et la liberté d’expression ne sont pas en danger, seule une femme s’opposa en effet à ce projet bienheureux. Il est vrai que celle-ci n’avait rien à perdre puisque qu’elle avait déjà commis l’impardonnable crime d’avoir 9 enfants, c’est-à-dire d’avoir provoqué neuf enfermements à double tour, d’avoir défié le système en utilisant cette institution archétypale qu’on appelle « famille. » Ha, ha ! Ça ne devait pas lui faire plaisir, à celle là, qu’on parle de massacrer des petits enfants ! Un seul problème : cette femme n’est pas simplement mère de famille. Elle est conseillère générale de la Région lorraine pour le… Front National !…

Je suis d’accord avec vous. C’est à la fois un problème et une solution. Un problème parce qu’elle n’aura pas fini de nous casser les pieds, mais une solution très chouette parce qu’on va pouvoir profiter de cela pour la montrer du doigt au peuple et crier : « ha ! Vous voyez qu’il faut être nazi pour nous empêcher de rigoler sur des massacres d’enfants ! » euh… non : « ha ! Vous voyez qu’il faut être nazi pour oser refuser la liberté d’expression aux artistes ! » (oui… ça passera mieux !…).

Mais c’est surtout un problème parce que ces gens se sont organisés, pour nuire à la démocratie. Ils ont des associations, des avocats, et ne manquent jamais une occasion de faire les intéressants ! Alors voilà que devant la résistance des preux Niquet (qui a pourtant dégainé l’habituelle nécessité d’un « regard distancié et critique sur son époque ») et Masseret (qui a contre-attaqué avec le bon vieux coup du point de vue scientifique sur « l’évolution des liens familiaux en France et plus largement en Europe occidentale »), la bougresse décide, deux ans plus tard (lors de l’ouverture en 2010), d’en venir aux mains… de justice !

Et paf, voilà l’AGRIF (Alliance Générale contre le Racisme et pour le respect de l’Identité Française et chrétienne) qui rentre en lice !

Les chrétiens… Encore eux !… Même avec nos Niquet et Masseret, il semble qu’on n’en viendra jamais à bout ! Même Néron s’est foiré, sur ce coup là… Et pourtant Néron, c’était quelqu’un ! En v’là un qui n’aurait pas renié Éric Bougereau ! Mais revenons à nos moutons.

En 2010, donc, l’AGRIF porte le problème à la connaissance du procureur de la République qui, heureusement, n’a pas vu le problème. C’est un des points positifs de notre époque. Il y a tellement de viols, de pédophilie et autres violences en tous genres que sur le bureau du proc, les artistes psychopathes passent inaperçus. Bref, tout ça fut classé sans suite, ce qui allait à coup sûr décourager la plaignante, d’autant que Bernard Antony, Président de l’AGRIF, s’était de son côté cassé les dents sur le sénateur Jean-Louis Masson !

Hé bien même pas ! Sacré bazar, la fibre maternelle ! Ça vous dope une conseillère régionale pire qu’un tonneau de Red Bull !

En 2011, le tribunal administratif se déclara donc incompétent, histoire de leur faire lâcher prise, mais rien à faire. Cahin-caha, on alla au procès…

Lire la suite : le procès

 

 

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