Golgotha Picnic : les articles gratuits de Métro

Dans la même optique que l'article de Défi Culturel (à lire obligatoirement), le quotidien gratuit Métro publiait hier "On a testé pour vous Golgotha Picnic"

Cet article constitue le parfait exercice journalistique. Il jongle avec brio entre ommission, mésinterprétation, manque de culture, mauvaise foi, et embrigadement.

Inutile d'argumenter, quelques citations suffisent :

Tout le monde en prend pour son grade : la religion "Jésus multiplia la nourriture pour le peuple au lieu de travailler coude à coude avec lui. Autant qu'on sache : il n'a jamais travaillé", mais aussi les journalistes : &
quot;ils se sentent comme des protagonistes alors qu'ils n'ont rien fait pour qu'il y ait du changement, à peine un clic sur leur Nikon". La société de consommation est disséquée et critiquée sans pincettes : "le travail est tellement funeste qu'il a conduit les hommes à inventer cette phrase – 'j'ai de la chance car j'ai un travail qui me plait' – juste pour pourvoir le supporter".

En face, le public réagit bruyamment : éclats de rire, applaudissements ou cris de dégoût, la pièce est cathartique et Rodrigo Garcia vise juste. Au bout d'une heure et quart, le pianiste Marino Formenti monte sur scène. Il se déshabille intégralement et entame les 9 mouvements de la version pour piano des Sept dernières paroles du Christ sur la croix de Joseph Haydn, en tenue d'Adam. Le public 'blasphémateur' en est
donc réduit à écouter de la musique sacrée alors même qu'à l'extérieur, les intégristes sont arrivés et prient pour leur salut.

A la sortie de la salle, si le public est partagé, c'est entre les inconditionnels du metteur en scène et les autres. Certains ont adoré, d'autres trouvent la pièce trop "gratuite" mais tous sont unanimes : ils ne voient pas le blasphème.

"Il n'y a vraiment pas de quoi faire une telle histoire, résume Christophe Girard, adjoint à la culture de la mairie de Paris. Bien sûr, si on isole des extraits, on peut être choqué, mais ça n'a aucun sens".

Beaucoup de bruit pour rien donc, pour cette pièce tragi-comique de Rodrigo Garcia, réservée tout de même à un public connaisseur. Le metteur en scène avait
pourtant prévenu. Cette Cène délirante et contemporaine commence par cette réplique : "
en vérité je vous le dis, qui n'a pas le sens de l'humour n'entend rien à la vie".

On pourrait rajouter que les journalistes béats, pour qui la liberté d'expression est celle d'insulter, manquent peut-être un peu d'intelligence. Ou alors sont-ils rudement malins. Quoi qu'il en soit il leur est inutile d'en faire tant. Face aux milliards et aux réseaux de l'art contemporain, les inquisiteurs qui réclament une censure n'ont aucune chance.

Un jour peut-être un journal publiera-t-il un article intitulé: "On a appris notre métier pour vous."

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