Un intégrisme peut en cacher un autre !

L’heure est grave. Ils l’ont dit à la télé. Ça ne peut qu’être vrai !

Les intégristes traditionalistes fondamentalistes et plein de choses en « iste » se sont levés en masse pour mettre en danger les fondements de la République. Les islamistes ont inventé le lancer d’avions, ces terroristes d’un nouveau genre ont mis en place une arme d’une nocivité redoutable : le lancer d’oeufs…

Ne riez pas. Combiné à la « prière, » sorte d’invocation des puissances célestes selon eux, le lancer d’oeuf, lorsqu’il est bien mené, peut conduire des dizaines de vêtements à la teinturerie, paralysant le circuit de nettoyage tout entier et menaçant une économie que les politiques avaient réussi à rendre forte et stable.

 

Mais la France a encore une, ou plutôt deux chances de s’en sortir indemne. Tout son salut ne tient en effet qu’au courage de deux guerriers : Frédo, ministre sans reproche, et Bébert, intrépide maire de la capitale. Retranchés dans leur palais respectif face à des hordes de jeunes gens, dont beaucoup de jeunes filles (!), égrenant leur chapelet, ils ont courageusement mandaté leurs armées bien outillées à la rencontre de l’adversaire. Leur détermination est totale : « Nous ne pouvons tolérer au coeur de Paris, fulmine Bébert dans un communiqué de presse, ville qui promeut à travers le monde les valeurs humanistes de liberté et de démocratie, de telles expressions d’intégrisme et d’intolérance. C’est pourquoi, depuis une semaine, la Ville de Paris et le Théâtre de la Ville ont décidé de déposer systématiquement plainte contre toute personne qui tente de perturber les représentations de la pièce. »

Jusqu’à ce jour aucune condamnation, mais les trompettes retentissent, les boucliers se dressent, les mains se posent sur les matraques de la justice.

Comment en sommes-nous arrivés là ? Les médias ayant fort heureusement saccagé la liberté d’expression de ces fanatiques (ces malandrins suscitent l’admiration du bon peuple avec une facilité déconcertante), nous sommes allés au coeur du conflit pour tenter d’expliquer son origine.

Tout commence lorsque le très gentil Romeo Castellucci, metteur en scène célèbre de spectacles très respectueux de tout et particulièrement du catholicisme, décide de créer une nouvelle pièce de théâtre dans la plus pure ligne du « théâtre de la cruauté, » imaginé en son temps par Antonin Artaud. Cette très belle pièce d’avant-garde envisage de représenter de très sympathiques personnages déféquant joliment sur scène, et jetant de magnifiques excréments sur un grand visage du Christ. Comme le dit Bébert sur son blog, il faut être un « militant fanatisé » pour trouver cela inapproprié !

Certes, il est vrai que c’est une insulte à ce que des milliards de chrétiens et musulmans ont de plus cher, mais ils n’avaient qu’à croire en la République sacrée, comme tout le monde, au lieu de vouloir jouer les originaux ! Et qu’on ne vienne pas me dire qu’au cours de cette pièce des enfants sont invités à lancer également des projectiles sur le visage du Christ. Il faut bien qu’ils s’amusent ces braves petits !

J’ai lu pour vous les journaux, qui ne mentent jamais. Le très pauvre Romeo Castellucci n’est pas un mauvais bougre. C’est même un artiste qui, comme tout bon artiste contemporain, fonde ses spectacles sur la provocation. Tout l’art de la provocation consistant à insulter les moins violents (sinon ça devient dangereux !), de façon la plus crue possible (pour la publicité !), pour «  questionner » le monde, il est absolument normal que ce soient les catholiques qui prennent. Ce qui est moins normal, c’est qu’ils réagissent ! C’est dur à admettre mais il faut se faire une raison : il est de moins en moins possible d’insulter tranquillement les gens, ce qui met gravement en danger la démocratie !

Il n’en fallait donc pas plus pour que quelques pacifistes heureusement faciles à identifier (ce sont ceux qui ne cassent pas de vitrine et n’opposent aucune résistance aux forces de l’ordre), qui avaient pourtant pour la plupart déjà financé ce spectacle grâce à leur impôts (comme vous peut-être ?), payent leur place avant de venir s’agenouiller sur la scène.

S’agenouiller ! Si ce n’est pas de l’intégrisme, ça, je ne m’y connais pas !

Continuons donc de voter pour ces courageux politiques qui n’ont pas peur de blesser les gens avec notre argent !

Défendons la liberté d’insulter et de souiller les croyances d’autrui !

Frappons vite les faibles avant qu’ils ne deviennent forts !

C’est le prix à payer pour sauver cette démocratie là !

Raphaël Jodeau, Délégué général de Défi culturel

 

Quelques avis de politiques sur la question…

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