Par Nicole Esterolle
Le territoire des plasticiens qu’on dit visuels (qui englobe d’ailleurs les conceptuels qui ne voient rien), c’est un peu comme la Somalie, avec des multitudes de groupuscules syndicaloïdes comme autant de factions rivales qui n’arrêtent pas de s’entretuer.
Il y a le CAAP, le SNAP-FO, le SNAP-CGT, l’UNPI, le SNP, le SNSP, le SMDA (et j’en oublie sans doute) qui agrègent chacun quelques dizaines de personnes, mais qui ont représentivité dans les différences instances ministérielles où elles sont conviées pour rien, puisque leurs différentes propositions s’autodétruisent les unes dans les autres, au plus grand bonheur des agents de l’art d’Etat qui font ensuite ce qu’ils veulent. (Alors que la MDA, Maison des Artistes groupant plus de 20 000 adhérents , n’a , en tant qu’association et non syndicat, aucune représentativité dans ces mêmes instances)
Aucune cohésion donc, ni volonté fédératrice, hors cette apparition récente de l’USOPAV, regroupant CAAP, UNPI, SNP et SNPC…mais qui exclut SNAP-CGT, SNAP –FO et SMDA…Soit un foutoir total, coiffé par une idéologie globale hamono-mélenchonesque…farouchement insoumise, rebelle et résistante comme il se doit et comme se qualifient les fonctionnaires de l’art ministériel.
Tout cela est bête à pleurer bien évidemment. Aucune autre profession n’a un syndicalisme aussi, divisé, hébété, impuissant, lobotomisé et manipulé par le « système » qu’il veut amender…Alors qu’en principe et par définition un artiste est libre et non manipulable…Au secours Gustave Courbet !
Toute solidarité et possibilité de pensée et d’action collectives organisées étant réduites à néant, pour de mystèrieuses raisons de fond qu’il devrait être permis d’explorer ( au secours Mrs les sociologues !). Les réseaux ou bandes mafieuses duchampo-conceptualo-verbeuses, para-institutionnelles et lièes au grand marché spéculatif font la loi, terrorisent les artistes, et s’accaparent de l’argent public et des lieux institutionnels dédiés à la reconnaissance et à la diffusion de l’art d’aujourd’hui…Dans toute autre profession, un tel détournement du bien public vers un petit nombre de privilégiés, donnerait lieu à des révoltes sanglantes. Imaginez, par exemple, une aide aux viticulteurs réservée aux seuls producteurs de piquette conceptuelle labellisée « vin contemporain »… C’est pourtant ce qui se passe dans le champ de l’art, où 95% des achats FRAC et musée et des 1% sont réservés aux 5% d’artistes agréés par l’appareil d’ État pour leur « processualité discursive » toxique et sans contenu artistique véritable.
J’ai parfois envoyé certains de mes textes à quelques responsables de syndicats d’artistes de diverses obédiences, en leur proposant de les diffuser à leur adhérents pour stimuler réflexion et prise de conscience et ouvrir le « débat »…J’ai toujours eu le même type de refus poli, voire amical, devant mes propos jugés excessifs, simplistes, contre-productifs, fascisants, faisant le jeu du FN, etc. Mais surtout risquant, pour qui les publie, d’avoir le reproche de prendre un parti esthétique ou politique….
Nous en sommes donc là : Surtout, surtout, ne rien dire, ne rien penser, ne pas réfléchir, ne pas s’informer, langue de bois à tous les étages, rester neutre, n’exprimer aucune opinion d’ordre esthétique, éthique ou politique… C’est le credo de tout syndicat qui ménage ses adhérents, qui ne veut pas heurter leur âme sensible, qui les prend pour des idiots et tient à ce qu’ils restent dans leur hébétude et leur prostration.
Et c’est ainsi que les artistes français, grâce aux sages recommandations de leurs prudents syndicats, vont accepter sans broncher, les tulipes de Koons, comme symbole du triomphe de la laideur et de l’inepte en art, comme insulte à leur égard avec la complicité des sbires du ministère et de la Maire de Paris
Grâce à cette neutralité éthique et esthétique bien installée des syndicats d’artistes, le totalitarisme artistique d’Etat a encore de beaux-jours pour continuer d’agir contre l’art et les artistes en leur imposant impunément sa propre esthétique ahurissante et l’éthique qui convient , complète, nourrit et justifie cette dernière.
Bonjour
Pour sûr que la question mériterait plus long, mais juste quelques constatations d’un créateur artistique qui a beaucoup donné: tout d’abord nous sommes profondément individualistes, ensuite les intérêts communs ne sont pas toujours perçus bien au’à l’évidence ils existent, enfin c’est un gros chantier … !