Stupid art unlimited

De la sur-intellectualisation de l’inepte

Ce monde (et de l’art plus spécialement) est décidément de plus en plus idiot. Et le journal Le Monde également, qui vient de consacrer 4 pages de son supplément dominical à l’artiste Poincheval.
Ce performeur postural français très en vogue dans les réseaux institutionnels a passé 15 jours à l’intérieur d’un ours au Musée de la Chasse et de la nature, le même temps dans un trou creusé devant l’Hôtel de Ville de Tours et une semaine sur  une petite plate-forme à côté des aiguilles de l’horloge de la gare de Lyon.
Aujourd’hui, on apprend qu’il va s’installer une vingtaine de jours au Palais de Tokyo pour y couver des œufs de poules devant les visiteurs du lieu.
Ces visiteurs, tous fervents adeptes , comme on sait, du duchampo-gauchisme radical en art et dans la vie, constituent  nouvelle variété de bigots culturolâtres, qui ne va ni à l’église, ni à la mosquée, ni à la synagogue,  mais régulièrement se ressourcer au Palais de Tokyo, ce temple de la vapeur culturelle branchée,  pour  y célébrer , le Monde et les Indékrotuptibles sous le bras en guise de missel, les vertus de l’inepte comme nouveau signe d’appartenance de classe, de distinction sociale et de parisianité germano-pratine internationale de bon aloi.
Aucune dimension transcendantale dans cette effarante liturgie , aucun humanisme revendiqué, aucune poésie, aucun humour, aucune spiritualité ou métaphysique sous-jacente, non, l’inepte y reste en l’état, car c’est en l’état qu’il est en l’occurrence, le plus efficace médiatiquement.
Simplement, on fait maintenant les choses à l’envers  au nom de la transgression systématique érigée comme acte libérateur et créateur. L’imbécillité brute de décoffrage devient la forme supérieure de l’intelligence et de la délicatesse d’esprit et de cœur. Le bureaucrate devient artiste. Le bourgeois devient rebelle.La bêtise et le ridicule deviennent qualifiants, propulseurs de goût et arguments de marketing. L’incompétence et la cécité artistique deviennent critères de sélection et de cooptation dans la communauté des adorateurs du Rien, et justifient un pic  d’arrogance corporatiste ou de caste jamais atteint jusque là.
La crétinerie affichée est ainsi devenue du dernier chic, chez les élites de ce pays… et d’ailleurs

 

Nicole Esterolle

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