L’orgue de Bergerac condamné au silence

Alors qu'on parle en milliards de dollars pour certaines foires d'art contemporain, notre patrimoine galère pour trouver quelques centaines de milliers d'euros. L'orgue de L'église Saint-Jacques, à Bergerac, restera muet en 2012. Il faut 200 000 euros pour le restaurer.

Finalement, l'orgue de Saint-Jacques restera silencieux en 2012. Malgré l'appel d'offres lancé l'été dernier, la campagne de restauration n'a pas encore commencé. Alors que la Ville, le Département, la Région et l'État se sont conjointement engagés à financer le projet à hauteur de 200 000 euros, le projet butte depuis deux mois sur le choix du facteur d'orgue.

La préférence de la Ville irait actuellement à un professionnel bordelais, quand celle de l'Association des amis de l'orgue de Saint-Jacques reviendrait à un
facteur d'orgue périgourdin. « Nous avons exposé nos souhaits, mais nous ne pouvons pas aller plus loin », indique le vice-président de l'association, Claude Van de Zande-Lucas. « La décision finale revient au maire. »


Enti&
egrave;rement démont

La tâche, il est vrai, s'annonce fort délicate : signé Aristide Cavallé-Call (1811-1899), le Stradivarius des facteurs d'orgue, l'ouvrage daté de 1877 comprend à lui seul deux claviers de 56 notes équipés d'une pédale de 30 notes, 15 jeux réels et 19 registres. Une mécanique si riche que l'instrument doit être entièrement démonté avant de subir la moindre intervention. « C'est pourquoi il faut prendre le temps nécessaire de choisir le meilleur facteur d'orgue », avance Fabien Ruet, adjoint au patrimoine.

Pendant les dix mois de travaux, l'Association des amis de l'orgue sera là pour veiller au grain. Ses membres, qui ont déjà fait beaucoup pour l'orgue en organisant concerts et conférences, proposent pour l'heure aux Bergeracois de soutenir le projet
de restauration en parrainant un ou plusieurs tuyaux de l'instrument à vent. « Il ne s'agit pas ici de privatiser l'orgue, nuance Claude Van de Zande-Lucas. Mais plutôt de donner la possibilité à tous ceux qui le souhaitent de soutenir sa réhabilitation autrement qu'en faisant un simple don. En contrepartie, le nom de leurs défunts sera gravé sur les tuyaux du Cavallé-Coll. » Sur les 800 tuyaux qui composent l'orgue, 150 ont déjà trouvé preneurs.

Emilie  Delpeyrat pour Sud-Ouest

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