Pornographie aux Hivernales : Noël Coret répond à Raphaël Jodeau

Le 5 juin 2013, les Hivernales ont envoyé un e-mail de masse intitulé : « Inscrivez-vous à la section X des Hivernales 2013 »

Suite à cet envoi Raphaël Jodeau, Délégué général de Sauvons l’art ! a publié le 6 juin un article regrettant que l’art se « réfugie dans le racolage. »

Le 14 juin Noël Coret, Commissaire général des Hivernales et directeur artistique du Palais des Congrès de Paris-Est Montreuil, envoyait un e-mail de réponse à Sauvons l’art ! (voir ci-dessous)

S’en est suivi un échange de correspondances privées entre les deux hommes.

L’histoire aurait pu en rester là si la réponse de Noël Coret n’avait pas été publiée sur la page Facebook des Hivernales le même jour :

« Beuuuuuurk…. Ce n’est pas à l’honneur de votre site que de publier cette attaque en règle, franchement nauséabonde et diffamatoire – évidemment anonyme… – contre la section X des Hivernales…

Allez, votre correspondant va avoir du grain à moudre et aura de quoi s’offusquer longuement une fois de plus : non seulement nous sommes très fiers du succès de cette section des Hivernales, mais nous la reconduisons cette année en lui donnant encore plus d’importance ! Merci de brûler des cierges pour sauver nos âmes, mais…cela vaut mieux que de brûler les œuvres, n’est-il pas vrai ? Car alors il faudrait liquider l’Extase de Sainte Thérèse du Bernin, et tellement, tellement d’autres jugées « racoleuses » par tous les prétendus gardiens du Temple et autres censeurs bien-pensant…
Question en passant : dans quels régimes les œuvres d’art érotico-pornographiques sont-elles interdites ?… Pas de doute : on a l’indignation que l’on mérite.


Quant à nous, de concert avec les gargouilles de nos cathédrales, en empathie avec Gustave Courbet, Jean-François Millet, Félicien Rops, Reiser, Siné, Manara, Clovis Trouille ou Jean-Bernard Pouchous, nous nous réjouissons de fêter le sexe comme il se doit !
Noël Coret

Directeur artistique des Hivernales


PS : Merci de vous abstenir désormais de nous adresser le journal de votre site web. La critique de l’art contemporain ne peut en aucun cas s’accompagner de propos portant atteinte à la liberté d’expression… »

De ce fait, Sauvons l’art ! publie la réponse qui avait été faite à ce mail par Raphaël Jodeau, toujours le même jour.

« Bonjour Monsieur,

Le secrétariat m’a transmis votre e-mail, qui a retenu toute mon attention.

Le débat que vous soulevez est aussi ancien que l’art. Michel-Ange ne disait-il pas que « ce sont les esprits téméraires et grossiers qui réduisent à un effet sensuel la beauté, par laquelle toute saine intelligence se sent émue et transportée vers le ciel » ? Ce débat n’est pas nouveau et il est parfaitement légitime.

Ce qui est nouveau en revanche, c’est de hurler à la censure dès qu’on ose ouvrir le débat, comme si l’art était au-dessus de tout, intouchable.

Pour répondre à vos très graves accusations (j’ose espérer que vos mots ont dépassé votre pensée) :

– c’est moi qui ai personnellement écrit cet article. Vous voilà donc avec un interlocuteur. Vous avez évidemment le droit d’ouvrir une section X, et j’ai le droit de critiquer cette section, de la même façon que Sauvons l’art ! publie des choses avec lesquelles je ne suis pas toujours d’accord. Chez nous, la liberté de critique est réelle et totale dans la limite du respect de l’autre ;

– vous parlez d’une attaque en règle. Je ne comprends pas. Il est donc à ce point interdit de n’être pas d’accord ? Personnellement je ne suis pas là pour défendre un art ou un académisme, mais pour ouvrir une bulle d’oxygène dans un milieu qui étouffe de ne pouvoir parler. Alors nous parlons.

– Vous êtes-vous vraiment relu ? Qui vous parle de brûler des oeuvres ? qui vous parle de censurer quoi que ce soit ? Qui vous parle d’interdire ? Autant de mot que vous utilisez sans qu’ils aient été même sous-entendus dans l’article ?

– Vos sous-entendus à vous sont gravissimes et, pour le coup, ne vous font pas honneur. Parlez-vous du nazisme qui a persécuté mes frères (je suis d’origine juive) ? Du fascisme ? Et encore il me semble qu’aucun des deux régimes n’a interdit la pornographie. Alors ?

– Vous parlez de censure alors que bien que cette section existait déjà auparavant, vous avez été accueilli en toute amitié lors du colloque que nous avons organisé au Sénat. C’est cela la censure ?

Par ailleurs j’ai toujours respecté une chose fondamentale : permettre aux intéressés de répondre sur le site à un de nos articles. Je vous invite donc à m’adresser un article de la taille que vous souhaitez qui « remettrait les pendules à l’heure » auprès de nos 12.000 abonnés.

La liberté d’expression se manifeste dans le dialogue, pas dans le silence.

Voilà toute ma conception de la censure.

Je vous redis donc que l’ouverture d’une section pornographique dans le cadre de votre salon m’apparaît être une très mauvaise idée, pour de multiples raisons dont je suis prêt à discuter mais qui ne devraient m’attirer, entre gens honnêtes, aucun propos insultant.

Bien cordialement. »

Suite au prochain épisode ?

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