Chef-d’œuvre pionnier du développement de l’esthétique gothique rayonnante, nécropole des rois de France, autant d’atout ayant conféré à la basilique Saint-Denis ses lettres de noblesse. Pourtant, ce monument emblématique du patrimoine architectural français souffrait depuis quelques années d’un grave déficit de notoriété, en regard des taux de fréquentation de Notre-Dame de Paris, ou encore de la Basilique du Sacré-Cœur. La principale raison de cette déshérence est liée à l’image désastreuse dont bénéficie sa cité, réputée banlieue sensible.
Afin d’enrayer ce phénomène, le Centre des monuments nationaux a programmé une série de concerts et d’expositions censés drainer de nouveaux visiteurs sur le site. Vendredi dernier, Laurent Voulzy s’est ainsi produit au sein de l’édifice. Cette politique culturelle inaugurée il y a maintenant trois ans commence à porter ses fruits, puisque les taux de fréquentation ont progressé de 20% sur cette même période.
Pour l’historien d’Art médiéviste Philippe Plagnieux, il est fondamental de préserver cet écrin du patrimoine architectural religieux, dont la symbolique dépasse largement le cadre artistique et théologique. En effet, Saint-Denis n’est pas seulement un foyer de propagation du gothique rayonnant à travers l’ensemble de l’Europe. C’est avant tout un projet politique inauguré sous le Haut Moyen-âge, lorsque le roi Dagobert transforme le mausolée érigé à la mémoire du premier évêque martyr de Paris en abbaye royale et la choisit comme lieu de sépulture. Mais il faudra attendre 500 ans et l’influence de l’abbé Suger pour que la basilique atteigne la quintessence de son art, et devienne officiellement nécropole royale. Après l’iconoclasme révolutionnaire et la profanation des tombes, le site sombre dans l’oubli. Cependant, le chantier de restauration de la façade qui débutera dans l’été devrait, à l’issue de trois années, permettre au monument de retrouver sa splendeur et son faste originels.
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